La question du développement durable n'est pas seulement celle des ressources environnementales et du vivant ; c'est aussi – et même de façon extrêmement préoccupante – la question de l'humain et, notamment, de l'organisation du travail.
Dans sa leçon de clôture, Alain Supiot (né en 1949), professeur titulaire de la chaire « État social et mondialisation » au Collège de France, invitait le 22 mai 2019 à réfléchir sur les transformations du travail au XXIe siècle et sur la nécessité de critiquer notre modèle de développement, qui n'est plus soutenable, en couplant droit de l'environnement et justice sociale. Non seulement notre système de production entraîne une crise écologique qui menace l'avenir de notre espace habitable – appelé « écoumène » – mais il risque même de conduire à une guerre mondiale encore plus dévastatrice que les deux que nous avons connues.
Après une première révolution industrielle caractérisée par l'invention de la machine à vapeur et par le développement du transport ferroviaire, une deuxième portée par le charbon, l'électricité, le gaz et le moteur à explosion, la troisième révolution industrielle est caractérisée à la fois par les énergies renouvelables et par un développement exponentiel des techniques de l'information et de la communication, notamment de l'Internet.
Comme les précédentes, mais à une échelle manifestement accrue, cette troisième révolution a nécessairement des conséquences environnementales et sociales. Jusque récemment, la transformation des biens d'usage en marchandises n'était pas possible sans la fiction du marché sur lequel elles s'échangent, comme si elles étaient indifférentes et comme si leur valeur n'avait plus rien de qualitatif, mais qu'elle restait définie par le seul temps de travail indifférencié nécessaire à leur production. Ainsi, le prix d'une tonne de blé est égal à celui de n mètres de toile de coton, parce que le temps de travail nécessaire à la production de cette quantité de blé peut être mesuré sur la même échelle de temps de travail nécessaire au tissage de cette quantité de toile. En réalité, bien entendu, il y a des tisserands qui ont du métier et qui travaillent mieux et plus vite que d'autres, mais, par convention, on en fait abstraction. La fiction du marché, c'est donc celle selon laquelle ce qu'on désigne comme « humain » n'importe pas à ce qu'on désigne et qu'on échange comme « marchandise » : elle fait abstraction de l’humanité du travail. .
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